Dimanche 08 Octobre à 17h et Mardi 10 Octobre à 17h
1h 24min / Drame De Marie Amachoukeli
Avec Louise Mauroy-Panzani, Ilça Moreno Zego, Arnaud Rebotini
SYNOPSIS
Cléo a tout juste six ans. Elle aime follement Gloria, sa nounou qui l’élève depuis sa naissance. Mais Gloria doit retourner d'urgence au Cap-Vert, auprès de ses enfants. Avant son départ, Cléo lui demande de tenir une promesse: la revoir au plus vite. Gloria l’invite à venir dans sa famille et sur son île, passer un dernier été ensemble.
Une histoire vraie
Le film est dédié à Laurinda Correia, la femme qui s’est occupée de Marie Amachoukeli quand elle était petite. Concierge dans l'immeuble où vivait la future réalisatrice, elle était issue de l’immigration portugaise : "J'ai vécu une grande partie de mon enfance dans sa loge avec ses enfants. Quand j’avais six ans, elle m’a annoncé qu’elle retournait au pays avec son mari pour ouvrir un établissement et refaire sa vie auprès des siens. Ça a été la première grande déflagration de ma vie."
"Aujourd’hui, on est toujours en contact, on s’envoie des cartes, elle me souhaite mes anniversaires et quand je vais dans sa maison au Portugal il y a des photos de moi au milieu de celles de ses enfants et petits-enfants. Elle continue de m’appeler « ma fille ». Avec ce film, j’avais envie de raconter la place de quelqu’un qui s’occupe d’un enfant pour gagner de l’argent car c’est son travail, et comment parfois cela déborde", se rappelle Marie Amachoukeli. Elle ajoute :
"Dans notre société, où la place de la mère est sacralisée, je crois que c’est tabou de dire qu’il n’y a pas que les parents qui peuvent avoir un amour débordant pour leurs enfants, ou qu’à l’inverse un enfant peut ressentir cet amour-là, absolu, pour une personne qui n’est pas son parent. Tu ne le dis même pas à ta propre famille. C’est un amour secret, presque clandestin, qui n’est jamais formulé. Et justement parce qu’il est secret, j’ai eu envie de le raconter."
Référence
Pendant l'écriture, un tableau de Jean-Baptiste Debret peint au 19ème siècle, en couverture de l'essai L’Oedipe noir de l’anthropologue Rita Laura Segato, a marqué Marie Amachoukeli : "On y voit une femme noire serrant fièrement dans ses bras un enfant blanc, à qui elle offre une protection enveloppante. En lisant le livre, on apprend qu’à l’origine le tableau s’appelait Don Pedro II dans le giron de sa gouvernante."
"Puis il a été rebaptisé Don Pedro et sa nounou, et plus tard, après la Seconde Guerre mondiale, Domestique portant un enfant dans ses bras, effaçant au fil des années le rôle essentiel d’une gouvernante pour le réduire au statut de domestique. Comme si un empereur ne pouvait avoir pour préceptrice une femme noire dont les origines rappellent un passé colonial, se remémore la cinéaste."
Une rencontre
Pour le rôle de Gloria, Marie Amachoukeli a rencontré beaucoup de nounous de plusieurs générations qui lui ont confié leurs histoires. La cinéaste a fait la connaissance de Ilça Moreno par l’intermédiaire de la directrice de casting qui a eu un coup de foudre pour elle suite à une première rencontre et un premier essai. Elle confie : "Ilça ressemble énormément au personnage de Gloria. Son parcours est très proche de celui du film, à moins que ce ne soit l’inverse. A l’origine, elle est infirmière au Cap-Vert."
"En arrivant en France, elle s’est occupée d’enfants, en particulier d’un garçon handicapé dont elle était très proche. Elle m’a raconté pudiquement une partie de sa vie, son village et ses trois enfants qu’elle a dû laisser à sa mère. La rencontre avec Ilça m’a permis d’enrichir le scénario, de l’inscrire dans la réalité d’un pays. Ilça avait fait un peu de théâtre au Cap-Vert, elle est drôle, avait des dispositions naturelles. Puis, elle a le goût des aventures et l’idée de retourner au Cap-Vert pour un film l’animait beaucoup."
Cannes 2023
Ce film a été présenté à la Semaine de la Critique au Festival de Cannes 2023 et en fait l'ouverture.
La question du regard
Le récit du film est construit du point de vue d’une petite fille de six ans. Un parti pris fondamental pour la cinéaste Marie Amachoukeli : "La question du regard, je me la suis énormément posée, en amont, en aval, pendant le tournage et le montage. C’est le point de vue d’une enfant et non celui du documentaire. Ce qui primait pour moi était de travailler le hors-champ."
"L’idée était de resserrer la vision de l’enfant sur ce qu’elle ressent et de recentrer tout le film à travers ce prisme. Et donc dans le film ce qu’on voit du Cap-Vert, c’est surtout ce qu’on en imagine, ce fameux hors-champ. Ça me permet de ne pas avoir un discours de carte postale, ni prétendument réaliste, et d’être avant tout sur le terrain des sensations et du sentiment."
Trouver Louise
Pour Louise, Marie Amachoukeli ne voulait pas d’enfant déjà inscrit dans des réseaux de casting ayant déjà tourné. La directrice de casting a remarqué Louise dans un parc : elle était très directive avec son petit frère, ce qui lui a plu : "Elle montrait déjà un fort caractère. Elle est venue passer des essais et j’ai tout de suite senti une chose que je crois assez rare chez les enfants de son âge : une écoute et une faculté incroyable à se mettre à la place des autres. Empathique en un sens."
"Et puis elle avait quelque chose d’extrêmement normal, elle n’était ni l’enfant trop « choupinou » ni l’enfant « sauvage ». Dans un second temps, la rencontre entre Ilça et Louise et leurs essais filmés nous ont convaincues de partir avec elles deux. Le film est le parcours de deux émancipations : celle d’une femme qui revient dans son pays pour ne plus être l’employée de qui que ce soit et devenir indépendante, et celle d’une enfant qui apprend à grandir et s’aventurer dans la vie", confie la cinéaste.
La partie capverdienne
La partie capverdienne a été tournée à Tarrafal au nord de Santiago, la plus grande île de l’archipel : "C’est un territoire très volcanique. Et pour moi, l’enfance c’est ça. C’est pas du tout un territoire tranquille. C’est un terrain volcanique, débordant de tout : dans tes relations, dans ton imaginaire, dans ton ressenti du monde, où tout est une épopée. C’était d’ailleurs l’enjeu de la mise en scène. Je voulais un film sensoriel, où tout reste à vie, en vous, pour toujours, comme marqué au fer rouge", note Marie Amachoukeli.
Une partie animée !
Dans le film, il y a une première partie en région parisienne, une deuxième au Cap‑Vert et une troisième qui est animée ! La cinéaste Marie Amachoukeli explique : "Pour àma Gloria, j’ai demandé à Pierre-Emmanuel Lyet, un ami, illustrateur et auteur jeunesse, de co-réaliser l’animation avec moi et de prendre en charge le travail de recherches graphiques et de design. Nous avions comme référence Peter Doig et Félix Vallotton, des coloristes incroyables."
"Doig pour le mystère qui émane de ses toiles, Vallotton pour son talent à saisir comme si de rien n’était une brève de vie, un moment volé, un bout de ciel qui vous reste gravé à tout jamais et vous perce le cœur. Fidèles à nos références, nous avons fait le choix de la peinture animée image par image au banc-titre : à la main et au pinceau, donc. Et pour les fonds et les décors, nous avons au contraire utilisé une technique très moderne sur le logiciel procreate."
"La gageure était de faire en sorte que ces deux techniques puissent coexister. D’une séquence à une autre, nous ne pouvions reproduire une méthodologie. Toute cette matière s’est donc inventée de manière très artisanale, avec une équipe essentiellement féminine. Avec ce principe d’animation, on n’a pas le droit à l’erreur, le découpage est au cordeau, on ne peut pas revenir en arrière. Ce n’est pas un cinéma du remords, il n’y a pas d’autre choix que d’avancer !"
Dernières Nouvelles d'Alsace par Nathalie Chifflet - Àma Gloria ne serait pas un grand beau film sur l’enfance, à hauteur d’enfant, s’il n’était pas miraculeusement joué.
Le Dauphiné Libéré par Nathalie Chifflet - Une merveille absolue.
Le Journal du Dimanche par Stéphanie Belpêche - Le regard que porte sur Cléo la réalisatrice déborde d’empathie et d’humanité en appréhendant les situations avec naturalisme pour retranscrire leur vérité. Un geste artistique qui foudroie par sa douceur, sa tendresse, sa délicatesse, sa simplicité, son humilité et sa pureté.
Les Echos par Olivier De Bruyn - Un des plus beaux films du moment.
Marie Claire par Emily Barnett - "àma Gloria" est un conte plein d'amour et de lumière, un récit d'apprentissage chavirant.
Bande à part par Isabelle Danel - S’il est vrai qu’on est de son enfance, Marie Amachoukeli, avec cette chronique inspirée de sa biographie, le montre bel et bien.
Elle par Françoise Delbecq - Un film autobiographique d'une poésie délicate et d'une infinie tendresse.
Femme Actuelle par La Rédaction - Le film se tient au plus près des vérités de l'enfance, dans une chaleur tendre qui ne peut que toucher.
Franceinfo Culture par Ariane Combes-Savary - Il en ressort une œuvre délicate et pudique, un récit tout en retenue qui oscille entre des moments de bonheur et de complicité intenses et des séquences de mélancolie absolue.
L'Humanité par Sophie Joubert - Marie Amachoukeli filme à hauteur d’enfant l’amour entre une petite fille de 6 ans et sa nounou capverdienne, obligée de rentrer dans son pays. Présenté à Cannes à la Semaine de la Critique, ce mélo assumé touche en plein coeur.
L'Obs par Jérôme Garcin - A contre-courant de notre époque, ce film bienveillant, solaire et sororal (que sont Gloria et Cléo sinon deux sœurs sans mères), qui réconcilie le Nord et le Sud, Paris et l’Afrique de l’Ouest, n’est pas seulement beau et juste de bout en bout, il fait aussi un bien fou.
La Croix par Céline Rouden - Tourné à hauteur d’enfant, le film de Marie Amachoukeli, par sa justesse et sa poésie, touche jusqu’aux larmes.
Le Figaro par Benjamin Puech - Le deuxième film de Marie Amachoukeli dépeint la relation d’une petite fille et de sa nourrice. Poignant.
Les Fiches du Cinéma par Michael Ghennam - Marie Amachoukeli dresse un portrait touchant et poétique d’une enfance en pleine construction.
Les Inrockuptibles par Jean-Baptiste Morain - Nous sommes vite subjugué·es par la pudeur, la retenue, la douceur de la mise en scène, qui ne tombe jamais ni dans l’excès de sentiments ni dans le misérabilisme, et par ses deux interprètes : Ilça Moreno et surtout la jeune Louise Mauroy-Panzani, bouleversante et déjà si mûre pour son âge.
Libération par Marie-Eve Lacasse - La force du film repose à la fois sur le jeu exceptionnel de Louise Mauroy-Panzani, actrice née dont la sincérité crève l’écran mais aussi dans sa direction.
Marianne par Olivier De Bruyn - Dans Ama Gloria, film d’1h24 sans une scène de trop, la réalisatrice raconte à hauteur de petite fille, une histoire d’amitié profonde et d’émancipation nécessaire où tout repose sur un art subtil de la suggestion et de la mise en scène. Discrètement impressionnant.
Paris Match par Yannick Vely - Sans sur-dramatiser son récit, Marie Amachoukeli filme deux êtres qui cherchent leur place au monde, pas tout à fait ici, encore moins là-bas.
Télérama par Guillemette Odicino - Bien sûr, la magie d’Àma Gloria vient, aussi, de ces deux actrices non professionnelles, la petite Louise Mauroy-Panzani (comment la réalisatrice a-t-elle pu lui tirer de tels sanglots ?) et Ilça Moreno Zego, d’origine cap-verdienne, si lumineuse et sereine.
aVoir-aLire.com par Laurent Cambon - En inscrivant son deuxième long-métrage en solo entre le documentaire et la fiction, Marie Amachoukeli confirme son talent de conteuse d’émotions. Un film magnifique écrit à cœur et corps d’enfant.
L'avis du projectionniste
Les liens entre une enfant orpheline de mère, sa nounou capverdienne devenue mère de substitution. Leur séparation quand la nounou, elle même mère, doit rentrer au Cap-Vert et leur retrouvaille le temps de vacances.
C'est emplit de tendresse, de douceur, de tendresse. C’est émouvant et juste. C’est un film qu’il faut découvrir.