Dalva – de Emmanuelle Nicot

Dimanche 4 Juin à 17h

 1h 20min / Drame De Emmanuelle Nicot

Avec Zelda Samson, Alexis Manenti, Fanta Guirassy

SYNOPSIS
Dalva a 12 ans mais s'habille, se maquille et se vit comme une femme. Un soir, elle est brusquement retirée du domicile paternel. D'abord révoltée et dans l'incompréhension totale, elle va faire la connaissance de Jayden, un éducateur, et de Samia, une adolescente au fort caractère. Une nouvelle vie semble alors s’offrir à Dalva, celle d’une jeune fille de son âge.
Anecdotes

Naissance du projet
Dalva est né d'un mélange de plusieurs éléments qu'avait en tête Emmanuelle Nicot. En premier lieu, la thématique de l’emprise, qui lui est personnelle. Ensuite, lors de son dernier court métrage, À l'arraché, la réalisatrice était en immersion dans un centre d’accueil d’urgence pour adolescents : "Ce qui m’a frappée là-bas, c’est que tous ces enfants qui étaient là pour maltraitance avérée continuaient à faire bloc avec leurs familles considérant que la justice était injuste de les avoir placés."

"J’ai suivi deux de ces jeunes pendant des années et c’est ainsi que j’ai découvert le chemin qu’ils parcouraient entre la séparation avec leur famille jusqu’à leur 'libération'. À côté de ça, une de mes amies avait un père éducateur dont le travail consistait à extraire de leur domicile des enfants suspectés de subir des maltraitances pour les emmener en foyer. Un jour, cet éducateur a dû s’occuper d’une fillette de 6 ans vivant seule avec son père avec suspicion d’inceste", se rappelle-t-elle.

Elle ajoute : "Il s’est retrouvé face à cette petite fille hyper-sensualisée et sexualisée et qui était dans un jeu de séduction par rapport à lui. L’ensemble de ces éléments ont fait naître le projet Dalva."

Premier long métrage
Emmanuelle Nicot sort de l’IAD (Belgique) en 2012 avec son court métrage Rae, qui connaît un beau succès en festival. En 2016, elle réalise À l'arraché. Sélectionné dans plus de soixante festivals (dont Angers), il remporte 17 prix.

Dalva est son premier long métrage. Emmanuelle est également directrice de casting, spécialisée en "casting sauvage", véritable passion qui se révèle aussi dans ses propres films. Elle est lauréate de la Fondation Gan pour le Cinéma en 2021.

Qui pour Dalva ?
Pour trouver l'interprète de Dalva, Emmanuelle Nicot s'est lancée, avec Stéphanie Doncker, dans un casting sauvage très important : "Elle s’occupait de la France, moi de la Belgique. On cherchait une fille de classe moyenne voire aisée, qui possède une certaine maîtrise du langage. Je voulais aussi une fille qui ait une tenue, un joli port de tête, une grâce de danseuse."

"J’ai déposé des annonces dans des écoles de danse, de musique, des centres équestres, Stéphanie aussi. On a eu plein de candidatures, j’ai reçu des centaines de vidéos. Et parmi cette masse, Zelda m’a tout de suite happée. Elle avait 11 ans, elle était là à se filmer dans sa chambre, elle s’exprimait avec un vocabulaire tellement riche et soutenu pour son âge."

"Elle m’expliquait qu’elle voulait devenir astrophysicienne, travailler sur la matière noire, elle s’imaginait prix Nobel ! Elle avait aussi un discours féministe par rapport aux garçons de sa classe. Elle avait vraiment une maturité impressionnante. Et puis une assurance, une force, quelque chose d’effronté et surtout un visage très photogénique", confie la cinéaste, en poursuivant :

"C’était impossible de lui donner un âge. J’ai tout de suite su que Dalva, c’était elle. Mais il fallait convaincre mes productrices et Stéphanie car Zelda ne ressemblait pas à la jeune fille ultra gracieuse et 'féminine' qu’on avait décidé au départ de chercher. Elle était un peu voûtée, regardait beaucoup vers le sol, et avait ce côté très sauvage, un peu garçon manqué."

"Sur la fin des castings, j’ai travaillé avec une maquilleuse, coiffeuse et une costumière. Zelda s’est tout à coup transformée et tout le monde a vu naître Dalva."

Le choix Alexis Manenti
Emmanuelle Nicot a découvert Alexis Manenti dans le film choc sur la banlieue Les Misérables (2018) de Ladj Ly, où il campait un policier tête brûlé aux méthodes brutales. Mais c'est sa scripte, Agathe Hervieu, qui lui a suggéré de le choisir pour jouer l'éducateur Jayden. La réalisatrice explique :

"Alexis a la palette de jeu d’un vrai professionnel et en même temps, il a cette rugosité de pierre brute que l’on trouve chez les gens en casting sauvage. Il est complexe, à la fois hyper-sanguin et d’une grande douceur, avec parfois une tristesse, une mélancolie que l’on entrevoit dans ses yeux."

Caméra à l’épaule
Emmanuelle Nicot et sa directrice de la photographie Caroline Guimbal (laquelle a oeuvré sur tous les courts métrages de la réalisatrice) ont opté pour une mise en scène physique et intense, en caméra à l’épaule. La cinéaste précise :

"On était très proches de Dalva mais très libres aussi dans nos mouvements. Je ne voulais pas d’une mise en scène trop contraignante pour mes acteurs. Bien sûr, tout était pensé, ce n’était pas de l’impro, mais il n’y avait pas de marquages au sol ou d’éléments qui auraient cadenassé la mise en scène ou les acteurs. Il ne fallait surtout pas briser leur spontanéité, encore moins celle des acteurs non professionnels."

Festivals et récompenses
Dalva a obtenu diverses récompenses dans les festivals suivants : 
Semaine de la Critique 2022
Prix FIPRESCI de la critique
Rail d’or
Prix Louis Roederer de la révélation pour Zelda Samson
Festival de Valenciennes 2022 :
Grand Prix
Prix des étudiants
Prix de la révélation pour Zelda Samson
Festival du film francophone d’Angoulême 2022 :
Sélectionné dans la catégorie « Premiers rendez-vous »
Festival du film de Jérusalem 2022 :
Sélectionné dans la catégorie Meilleur premier film international
Festival du film francophone de Namur 2022 :
Sélectionné dans la catégorie Meilleur premier film
Hong Kong International Film Festival 2022 :
Meilleure réalisatrice internationale pour Emmanuelle Nicot – catégorie Jeune cinéma
Meilleure actrice internationale pour Zelda Samson – catégorie Jeune cinéma

Inspiration personnelle
Le personnage de l’éducateur est inspiré du propre frère d'Emmanuelle Nicot. Cette dernière confie: "C’est un homme doué d’une grande empathie, peu cérébral, à la fois très professionnel et en même temps sanguin qui doit toujours se contenir pour ne pas exploser. J’admire beaucoup le travail des éducateurs en foyer qui font face à une problématique extrêmement complexe."

"Les enfants placés sont retirés de leur famille non pas parce qu’ils ne sont «pas» aimés, mais parce qu’ils le sont «mal». Lorsqu’ils commencent à se détacher de leurs parents, un besoin vital d’amour et de tendresse se met à les envahir. Et ce besoin ne peut pas être comblé par des éducateurs toujours contraints de garder une distance avec eux. Dalva est dans cette situation."

Quelques critiques presse

Bande à part par Olivier Pélisson - Si la vision de Dalva chamboule, c’est parce cette œuvre touche au plus juste d’une enfance volée et abusée, et parce qu’elle prodigue en retour à son héroïne un tremplin salvateur. C’est la nécessité de transmettre cette histoire. C’est le désir impérieux de rendre au cinéma ce qu’il procure, en aidant à s’émanciper par le regard. Et c’est bouleversant.

Elle par Françoise Delbecq - Un incroyable portrait et une double révélation.

20 Minutes par Caroline Vié - La débutante Zelda Samson est une évidence dans ce rôle délicat.

Dernières Nouvelles d'Alsace par Nathalie Chifflet - Pour son premier film, Emmanuelle Nicot aborde avec finesse l’inceste et l’emprise.

L'Humanité par Michaël Mélinard - Un film dérangeant et captivant.

La Croix par Corinne Renou-Nativel - Pour son premier long métrage, Emmanuelle Nicot relate avec une grande délicatesse les métamorphoses d’une préadolescente arrachée à un père incestueux qui l’avait transformée en petite femme.

La Voix du Nord par Christophe Caron - Bref et bouleversant.

Le Dauphiné Libéré par Nathalie Chifflet - La réalisatrice filme la complexité de la rencontre de l’enfant avec son histoire.

Le Journal du Dimanche par Baptiste Thion - Un récit d’émancipation bouleversant et délicat que porte une jeune comédienne épatante, dont on n’est pas près d’oublier le regard.

Le Monde par Véronique Cauhapé - C’est ce chemin à rebours qui fait le sujet, et toute l’intelligence, du film.

Le Parisien par La Rédaction - Les foucades de Dalva imposent une cadence qui nous maintient sans cesse sous tension. Un souffle fort, de la violence à la tendresse.

Les Fiches du Cinéma par Michael Ghennam - Un premier film tout en finesse sur les étapes de la reconstruction d’une adolescente.

Libération par Lelo Jimmy Batista - Le long métrage navigue du drame sordide à la presque comédie adolescente, de l’énergie brute aux césures contemplatives sans précaution inutile ni sortie de route.

Marianne par Olivier De Bruyn - Un regard stimulant sur la déraison.

Positif par Bernard Génin - On pense aux frères Dardenne devant la maîtrise de cette nouvelle venue, sa concision, son aptitude à pointer la violence des faits bruts. Et les comédiens sont tous extraordinaires.

Transfuge par Serge Kaganski - Un premier film intense qui observe sans ciller l’effarante complexité des relations humaines, porté par Zelda Samson, jeune actrice bluffante.

Télérama par Jérémie Couston - Un film digne, et même lumineux, sur le pire des crimes.

Voici par La Rédaction - Une oeuvre dont la pudeur graphique vient subtilement renforcer la force d'évocation.

L'Obs par Nicolas Schaller - Si le parcours de cette lolita qu’un éducateur (Alexis Manenti, le flic raciste des « Misérables ») tente de désexualiser passe par quelques facilités de scénario, il ne se départ jamais du regard sensible et nuancé d’une réalisatrice qui n’a pas froid aux yeux.

Les Inrockuptibles par Ludovic Béot - De cette matière potentiellement sensationnaliste, la réalisatrice Emmanuelle Nicot choisit au contraire la sobriété et la pudeur d’un récit qui laisse hors champ le crime en question pour mieux raconter les effets dévastateurs sur le présent.

Paris Match par Yannick Vely - Le meilleur de « Dalva » tient dans la juste description des rapports entre les enfants et les éducateurs, et comment ces derniers doivent affronter les démons qui rongent les pensionnaires.

Première par Thierry Chèze - Le portrait d’une renaissance, sans misérabilisme.

Sud Ouest par Cédric Coppola - Œuvre coup de poing, Dalva est un long-métrage nécessaire, qui malgré une mise en scène trop conceptuelle, avec une caméra qui tremble lorsque le personnage est tourmenté avant de se stabiliser dans les périodes d’accalmie, parvient à émouvoir grâce à la justesse et l’âpreté de ses situations.

aVoir-aLire.com par Gérard Crespo - Un récit touchant, sur un thème dans l’air du temps, qui révèle une réalisatrice inspirée et une très jeune actrice prometteuse.

L'avis du projectionniste

Sur un sujet aussi délicat et difficile que sont l'inceste et l'emprise, Emmanuelle Nicot, grâce à un scénario parfaitement construit, fruit de 6 ans de travail, d'enquête, de lectures et de rencontres avec des professionnels de l'enfance maltraitées, propose un film flamboyant, subtil, violent et émotionnellement bouleversant. Une vraie réussite.