La vie pour de vrai – de Dany Boon

Idée de départ
Alors qu'il était en vacances au Club Med avec ses enfants, Dany Boon a discuté avec le directeur des restaurants. Il était d’origine française mais n’avait jamais vécu en France. Le réalisateur se rappelle : "Ses parents s’étaient, comme dans le film, rencontrés au Club, sa mère était tombée enceinte et avait continué à travailler avec son père après sa naissance. A son tour il avait poursuivi dans cette voie... Pour blaguer, je lui dis « mais en fait, vous ne connaissez pas la vie dehors ? ». Évidemment, ce n’était pas vraiment le cas mais j’ai tout de suite pensé que ça serait une bonne idée, un bon point de départ pour un scénario..."

2 questions centrales
Lorsqu'il a commencé à écrire un scénario à partir de ce point de départ, Dany Boon a voulu trouver pourquoi le personnage de Tridan n’avait quasiment jamais quitté le Club durant 50 ans et surtout pourquoi il déciderait soudainement de sauter le pas. Le cinéaste explique :

"Faire un film sur un G.O qui sort du Club Med et se montre totalement inadapté à la vie extérieure, c’est un ressort de comédie assez classique qui n’aurait pas tenu sur la durée d’un film. Une fois les scènes et les gags attendus épuisés, on a envie d’entrer dans une véritable histoire."

"C’est là où j’ai pensé que Tridan pouvait se lancer à la recherche de son amour d’enfance. Cette petite fille qu’il a croisé une semaine pendant un été mais qui a marqué sa vie à tout jamais..."

15 ans après les Ch'tis !
Quinze ans après Bienvenue chez les Ch'tis et neuf ans après Supercondriaque, La Vie pour de vrai marque la troisième collaboration entre Dany Boon et Kad Merad : "J’ai dû trouver une raison pour laquelle la famille de Tridan n’avait jamais voulu retourner en France : j’ai commencé à imaginer que son père (joué par Maxime Gasteuil) avait vécu quelque chose à Paris."

"Il avait mis une femme enceinte, n’avait pas reconnu l’enfant et avait laissé les clefs d’un appartement en guise de dédommagement sans jamais plus revenir... Quand j’ai réfléchi au moment où Tridan allait découvrir que ce demi-frère inconnu occupait l’appartement de leur père, le choix de Kad pour jouer le rôle de Louis s’est imposé", confie le metteur en scène.

Amour d'enfance
Pendant le tournage de La Ch'tite Famille (2018), la mère de Dany Boon est arrivée un jour sur le plateau avec l'amour d’enfance du réalisateur et un petit sourire en coin qui disait "regarde qui j’ai ramené !". Ce dernier raconte : "Ils s’avèrent qu’elles sont voisines... J’étais content de revoir Valérie, mais c’était quand même un peu particulier. Ça a beaucoup fait rire ma mère !"

"J’avais 8 ans quand on s’est connu mais je m’en souviens encore et je sais que c’est le cas pour tout le monde... J’ai donc imaginé que, même s’il change chaque semaine de groupe de touristes au Club ; Tridan n’avait jamais oublié Violette. Il n’a rien réussi à construire dans sa propre vie, il s’est entièrement consacré à son métier et aux autres mais il s’est oublié en chemin."

Charlotte Gainsbourg de la partie
En écrivant le scénario, Dany Boon imaginait des actrices avec lesquelles il avait déjà tourné : "Mais des comédiennes de 50 ans capables de jouer la comédie, il n’y en a pas tant que ça... Et puis je voulais aussi tenter quelque chose de différent avec ce personnage féminin si important dans l’histoire. Il fallait en effet que nous formions un vrai trio..."

"Il se trouve que Charlotte a vu 8 Rue de l'Humanité et a beaucoup aimé... J’ai ensuite reçu un mot adorable où elle me disait : « tu fais travailler Yvan, quand allons-nous le faire ensemble ? ». Sans cela, franchement, je n’aurais sans doute pas osé lui proposer le rôle de Roxane mais j’ai trouvé l’idée formidable...", se rappelle le metteur en scène. Il poursuit :

"J’ai donc réécrit le scénario pour qu’il corresponde plus à ce que dégage Charlotte, ce qui a d’ailleurs enrichi l’histoire... Son personnage est une quinqua qui tombe parfois dans l’excès car, au fond, elle a peur de finir seule dans une grande ville comme Paris, à cause de la manière dont la société traite ce genre de femmes ou les considère aujourd’hui..."

Déconnecté mais pas complètement
Même si Tridan est un peu déconnecté de la vie réelle, Dany Boon n'a pas voulu faire de ce personnage un asocial complet. Il s'agissait même d'un piège que le réalisateur a cherché à éviter à tout prix : "Dans les premières versions du scénario, j’avais imaginé qu’il ne connaissait pas internet par exemple. Mais ça le rendait trop lunaire, inadapté, presque niais et ça ne fonctionnait pas..."

"J’ai gommé cela au fur et à mesure et on le voit même préparer son voyage sur le net en découvrant les images de Paris : ses monuments et d’un coup des alertes d’émeutes qui arrivent automatiquement à cause des algorithmes quand il fait des recherches ! Il découvre à ce moment cet aspect inquiétant et pervers du net... Il n’empêche qu’il a une vision plutôt naïve et pure de l’amour."

"Quand il rencontre Louis, son demi-frère, il découvre un homme qui consomme les relations à la chaîne. Avec un doigt glissant sur un écran, on passe à autre chose, à quelqu’un d’autre..."

Retrouvailles
Dany Boon et Charlotte Gainsbourg s'étaient déjà donné la réplique dans Ils sont partout (2016) d'Yvan Attal.

Kad Merad travaillait au Club Med !
Comme le personnage de Dany Boon, Kad Merad a lui-même été G.O ("Gentil Organisateur") au Club Med ! Plus précisément, le comédien a été embauché comme chef d’orchestre dans les années 1980, pour diriger un groupe musical. Il se rappelle :

"Nous avons joué en Suisse puis en Guadeloupe lors des apéritifs et des spectacles... Comme Tridan, j’essayais d’amuser les gens : je me baladais sur la plage en paréo avec mes colliers de perles et ma guitare. Voilà ce qui me touche... Je connais encore des G.O qui ont ce style de vie, qui ne connaissent que cela et qui sont totalement déboussolés quand ils reviennent à une vie « normale ». C’est un moment terrifiant pour eux…"