Samedi 22 Février à 20h30 et Dimanche 23 Février à 14h30
1h25min | Drame De Maxime Caperan
Avec Kacey Mottet Klein, Félix Maritaud, Olivia Côte
Synopsis
Une nuit, en pleine campagne, deux frères braquent un camion de smartphones destinés à l'entrepôt où ils travaillent comme magasiniers. Sam, le cadet, y voit l'occasion d'échapper à une vie déjà écrite, de partir vite et loin. Paul, son aîné, est moins sûr de vouloir tout plaquer depuis qu'il a noué des sentiments pour Suzanne, leur complice. Au matin, le routier est retrouvé mort. Cet événement va chambouler leurs plans et les plonger dans une spirale de violence.
Naissance du projet
Maxime Caperan a eu l'idée d'Un monde violent lorsqu'il était à la FEMIS, où il fantasmait sur un film noir qui parlerait de tragédies humaines, proche du cinéma de James Gray. Le jeune metteur en scène a réalisé un premier court métrage en sortant de l’école en 2015, Les Guerriers, qui allait un peu dans cette direction (déjà avec Kacey Mottet-Klein) :
"J’ai donc eu envie de le développer en long tout en y injectant du cinéma de genre et en décidant de m’inscrire dans une arène plus rurale pour parler de la France périphérique, et à travers elle de déclassement, de déterminisme social. Des réflexions qui m’ont animé pendant toutes ces années. Pour autant, il ne s’agissait pas de faire un film politique."
"Un monde violent n’a rien d’un film à message. Mais je le voulais ancré dans le monde d’aujourd’hui, dans un territoire donné, précis, avec des thématiques de film noir certes mais sans basculer dans un film de gangster. Partir d’un fait divers pour raconter la tragédie d’hommes ordinaires dans un monde qui ne va pas très bien."
"Et donner à voir des gens que le cinéma montre trop peu, qui ont tendance à être souvent stigmatisés et instrumentalisés et dont en réalité tout le monde se fout un peu, alors qu’ils sont au centre de l’actualité politique. J’avais vraiment envie de leur donner une visibilité, un espace sans être dans le jugement ni la complaisance", se rappelle Maxime Caperan.
2 frères que tout oppose
Pour l'écriture des deux frères, Sam et Paul, l’idée centrale était de construire deux personnages opposés l’un à l’autre. Maxime Caperan précise : "Le premier que j’ai élaboré parce que plus proche de ma sensibilité, c’est celui de Sam. Un garçon assez mutique, mal dans sa peau, avec l’impression d’étouffer dans sa vie et qui rêve d’autre chose. Un garçon au fond toujours un peu adolescent. Dans mon court métrage Les Guerriers, le personnage avait seize ans."
"Ici, il en a vingt-trois ou vingt-quatre. On a construit le grand frère, Paul, comme un miroir inversé : flamboyant, grande gueule, beau gosse, très à l’aise, qui exerce malgré lui une forme de domination sur Sam avant que ce rapport, sans totalement s’inverser, se complexifie dans le drame. Et à travers eux, je voulais raconter une histoire d’amour fraternel avec ses hauts et ses bas."
Nouvel Hollywood
Pour la lumière d’Un monde violent, Maxime Caperan a fait appel à Eva Sehet, qui avait signé celle des deux premiers courts-métrages du réalisateur (et qui est la compagne de ce dernier) : "Comme avec Thomas ou Alexandre Donot, mon monteur, on a grandi ensemble. J’aime travailler « en famille ». Même si elle ne les partage pas tous, Eva connaît mes goûts de cinéma et la manière dont ils ont évolué et se sont précisés. On a revu, pour s’en inspirer, énormément de films. A 80 % du cinéma américain, le Nouvel Hollywood en tête, celui auquel j’ai été biberonné", confie-t-il.
Côté casting
Maxime Caperan a commencé à se pencher sur le casting d'Un monde violent une fois le scénario suffisamment abouti. A une exception près : Kacey Mottet-Klein, pour qui le réalisateur a quasiment écrit Sam. Il explique : "Pour son frère Paul, au-delà évidemment du talent du comédien, je cherchais aussi un physique. Une beauté à la Delon qui imprime l’écran."
"Or j’avais été très marqué par la performance de Félix Maritaud dans Sauvage. Ce qu’il y dégageait correspondait exactement à ce que je recherchais."
Sur le plan visuel
Maxime Caperan a tourné Un monde violent en numérique car la pellicule était trop chère. Toutefois, le cinéaste en a conservé l’esprit en injectant du grain à l'image, ainsi qu'en jouant des contrastes entre blancs éclatants et des noirs très sombres, avec cette idée de visages assez marqués. Il raconte : "J’avais envie d’une mise en scène baroque, de choses assez flamboyantes, de travellings, d’effets de style."
"Je souhaitais en tout cas une mise en scène très présente à l’écran, tout sauf invisible. Et pour répondre à un certain nombre de contraintes financières, on s’est appuyé sur le plus de longue focale possible pour renforcer cette sensation de tension et ne jamais lâcher mes personnages."
Film noir et chronique sociétale
L’un des grands défis d'écriture a été de maintenir cet équilibre entre film noir et chronique sociétale : "C’est le pari qu’on a fait avec Thomas Donner, l’impression d’un film assez simple avec une intrigue qu’on pourrait résumer en une phrase : deux frères qui tuent quelqu’un et vont devoir en assumer la culpabilité, source de division entre eux."
"Tout en essayant de raconter énormément de choses en sous-texte. Il fallait à la fois maintenir une tension qui va croissante et se laisser des espaces où déployer nos thématiques. Trouver l’équilibre a ressemblé à la construction d’un château de cartes où, à chaque instant, un simple petit élément pouvait tout faire s’écrouler", se souvient Maxime Caperan.
Le bleu du miroir - Un Monde reste un premier film saisissant qui a le mérite de mettre en avant un sujet sociétal encore tabou et rarement abordé de manière aussi frontale au cinéma. L’accueil chaleureux reçu à Cannes et la flopée de prix reçus dans différents festivals internationaux lui promettent un bel avenir pour trouver son public et éveiller les consciences. Et c’est déjà beaucoup.
Cineeuropa - Écrit par le réalisateur par Maxime Caperan et Thomas Finkielkraut (qui se sont rencontrés dans le cadre de leurs études au département Série de la Fémis), le scénario (finaliste du Prix Junior du Scénario en 2019) est centré sur deux frères, Sam et Paul, employés d’un entrepôt du centre de la France, qui organisent le braquage d’un poids lourd rempli de smartphones. Sauf que le routier se rebelle et meurt. Les deux frères s’enfoncent dans une spirale de violence…
Produit par Charles Philippe pour Les Films du Clan, Un monde violent a été tourné du 16 janvier au 24 février, essentiellement dans la Creuse (aux environs de Guéret), mais aussi à Limoges avec Éva Sehet à la direction de la photographie.
L'avis du projectionniste
Un film percutant et fortement inspiré de faits et d’évènements réels est réalisé avec beaucoup de réalisme et de conviction. C’est également un film citoyen en raison du thème traité entre l’écologie et la santé mise en danger par les pesticides. Le réaIisateur décrit très bien ce combat contre les pesticides entre GOLIATH représenté par les industriels contre les victimes et leurs défenseurs. Il montre avec efficacité la collusion entre les lobbys et les décideurs politiques et les méthodes qu’ils emploient. De plus l’interprétation est excellente. Un film à voir.